logo UNTITLED MAGAZINE
Le webzine des plaisirs culturels
Rechercher
Instagram Facebook Twitter

La « pochothèque » mensuelle de la rédaction #41

27 juin 2025, par Untitled Magazine

La fin de mois est difficile et vous ne pouvez pas vous offrir les livres de la dernière rentrée littéraire ? Pas d’inquiétude, la rédaction d’Untitled Magazine a pensé à vous et vous a concocté une sélection de livres à petit prix mais de grande qualité ! 

Mars violet, Oana Lohan

mars-violet.jpeg

Tout tourne autour de cette nuit de 1989 où les Ceaucescu, à la tête d'une dictature communiste en Roumanie depuis des années, tombent. Une nuit que la narratrice passe à chercher un ami qui s'est engagé pour aider alors que les blessés sont nombreux dans un Bucarest en révolution. Un ami disparu, qui peut-être symbolise la disparition pour la narratrice de la vie qu'elle menait jusque là.

Et l'avenir de la narratrice entre en collision avec cette nuit tout au long du livre : de courts chapitres, comme des fragments, nous entrainent à Londres, à Paris, à Strasbourg, mais surtout nous ramènent à Bucarest, que la narratrice a quitté après cette fameuse nuit, mais dans laquelle elle ne cesse de revenir.

L'écriture intimement rock d'Oana Lohan nous plonge dans le chaos d'un changement de régime, dans les découvertes d'une jeune femme d'un style de vie différent - l'immersion d'un pays entier dans le capitalisme -, et dans les reliques d'une Roumanie communiste pour laquelle une forme d'attachement se dépeint, malgré les privations et les formes de violences. Anecdotes et amitiés peuplent ce livre au rythme soutenu qu'on dévore d'un souffle.

Critique rédigée par Mathilde Ciulla

"Mars violet", Oana Lohan, Editions du Chemin de fer, 180 pages, 9,90€

Arlington Park, Rachel Cusk

files (22).jpeg

Arlington Park, banlieue résidentielle de Londres. Elles sont quatres femmes : mariées, mères de famille, installées dans de coquettes maisons aux jardins fleuris, entourées d’enfants et d’époux tous en bonne santé. Pourtant, derrière cette façade se cache une triste réalité.

Rachel Cusk nous plonge au coeur d’une seule journée type et ces gestes milles fois répétés : préparer le petit-déjeuner, faire les courses, passer chez le coiffeur, attendre les enfants à la sortie de l’école, se retrouver autour d’un dîner en famille… On pénètre aussi dans leur conscience et leurs pensées. Mais derrière toutes ces actions si banales et ces journées si paisibles se cache un profond malaise. Car si chacun de ces instants semblent anodins, pour elles ils deviennent l’écho d’un échec, d’un choix autrefois fait mais désormais regretté. Formatées depuis la petite enfance, elles ont  suivi les attentes imposées par la société : avoir des enfants, soigner l’intérieur de leur foyer, organiser des dîners. Pourtant, malgré cette conformité, une évidence s’impose à elles : tout cela ne suffit pas à combler le vie ni à donner un sens à leur existence. 

A travers une écriture sobre mais percutante, le récit interroge les normes sociales et les attentes figées, et souligne combien le chemin vers une existence libre et pleinement choisie reste, pour certaines, semé d’injonctions et de renoncements. 

Critique rédigée par Marie Heckenbenner

Arlington Park, Rachel Cusk, traduit de l'anglais par Justine de Mazères, Editions Folio, 352 pages, 9,50€

Chiennes de Garde, Dahlia de la Cerda

157762_couverture_Hres_0.jpg

Elles sont 13, 13 femmes avec chacune leurs singularités, chacune dans un milieu différent qu'il soit précaire ou non mais ce qu'elles ont en commun c'est la vengeance et l'envie extrème de s'extraire de la violence dans laquelle elles vivent. Leur vengeance est aussi un moyen de mettre en lumière les féminicides qui ravagent le Mexique. Ne pas se taire et leur rendre hommage. Ces 13 femmes représentent un échantillon de toutes les violences qui sont faites aux femmes dans notre société. 

Dans ce roman, chaque femme à sa place dans cette lutte. Parfois violent et rude, Dahlia de la Cerda fait de ses héroïnes de battantes qui n'ont peur de rien et qui sont prêtes à prendre les armes pour se réapproprier leur place et leur corps dans une société qui tente de les effacer. C'est une ôde aux combats et aux féministes que leur rend l'autrice dans ce roman. 

C'est aussi l'histoire d'un pays qu'elles racontent à travers ces violences, celle du Mexique. Ces luttes ont pour toile de fonde, la drogue et ses dérives. Un récit nécessaire pour comprendre les luttes contre les violences faites aux femmes et un hommage aux féminicides.

Critique rédigée par Mathilde Jarrossay

"Chiennes de Garde", Dahlia de la Cerda, Editions Points, 192 p., 7,55€

Rosie Carpe, Marie NDiaye

livre_galerie_9782707320971.jpeg

Rosie Carpe est née dans une famille bien étrange, à Brive-la-Gaillarde. Une famille qui l'a marquée à jamais, et qui la poursuit d'une certaine façon. Rosie Carpe vit ensuite à Antony où elle travaille dans un hôtel, entame une relation adultérine avec un collègue qui se terminera en même temps que la naissance de Titi. Elle décide enfin de se rendre en Guadeloupe, où son frère a déménagé.

Difficile de résumer réellement ce roman déroutant de Marie NDiaye : une famille dysfonctionnelle, une jeune femme qui semble à tout moment hors de son corps, des personnages plein de vices cachés, un enfant diaphane, des relations personnelles malsaines, mais surtout et toujours l'écriture de Marie NDiaye qui nous embarque, qui nous garde collé.es à Rosie Carpe alors qu'elle se débat avec la vie, qui nous salit aussi d'une certaine manière. L'atmosphère est glauque et puante, l'écriture est répétitive et envoûtante, comme un sortilège qui nous attache à la famille Carpe.

On ressort de cette lecture éreinté.es et forcé.es de s'interroger sur la transmission, sur un certain rapport à la parentalité, sur ce qu'on fait à nos enfants et à nos parents - on ressort de ce monument fasciné.es par une autrice qui ne fait pas de compromis.

Critique rédigée par Mathilde Ciulla

"Rosie Carpe", Marie NDiaye, Editions de Minuit, 400 pages, 9,65€

Un monde à refaire, Claire Deya

Un-monde-a-refaire.jpeg

Printemps 1945. Les plages du Var sont désertes, abandonnées par les vacanciers, mais truffées de mines, prêtes à exploser sous les premiers souffles du printemps. Chaque jour, des hommes venus de toutes l’Europe mettent leur vie en jeu pour désamorcer une armée allemande en déroute. 

Fabien, résistant taciturne, dirige le groupe. Vincent, évadé d’un camp allemand, cherche Ariane, son grand amour. Parmi les prisonniers allemands forcés de déminer, il cherche celui qui aurait veillé sur Ariane à la fin de la guerre. C’est Lukas qui l’intrigue : cultivé, francophone, mystérieux. Il lui propose un marché : l’aider à s’évader en échange d’informations sur Ariane. Vincent fait aussi la connaissance de Saskia, une jeune femme juive rescapée des camps, avec qui il partage un logement. Orpheline depuis la disparition des siens, elle se bat pour récupérer la maison familiale, illégalement occupée. 

Comment se relever après les blessures, les pertes, et les silences qui persistent ? Au-delà de la reconstruction des lieux, c’est bien de celles des Hommes dont il est question. Ce roman, à la fois dense et solidement documenté, éclaire une période méconnue de la fin de la guerre, où l’espoir d’une paix durable commence à pointer le bout de son nez. Français, Allemands, unis par une mission dangereuse, apprennent peu à peu à se voir autrement qu’en ennemis. Claire Deya livre un roman poignant, qui mêle mémoire, réconciliation et surtout résilience.

Critique rédigée par Marie Heckenbenner

"Un monde à refaire", Claire Deya, Editions Le livre de poche, 456 pages, 9,70€

Cézembre, Hélène Gestern

files (23).jpeg

Yann de Kérambrun a la suite de son divorce et du décès de son père retourne dans la maison de son enfance, à Saint-Malo. De la fenêtre du bureau, il voit l'île de Cézembre qui le fascine autant qu'il l'attire. En reprenant ses marques dans cette maison qu'il a tenté de fuir aussi vite que possible, il retourne ce qu'on appelle des carnets de raison reprenant l'hsitoire financière de la compagnie navale Kérambrun, que son ancêtre Octave a lui même fondé. Mais que cache ces carnets ? Quel secret de famille renferment ils ? 

Roman fleuve, Hélène Gestern nous guide le longe de la plage du Sillon à Saint Malo à travers l'histoire des Kérambrun. On découvre une histoire de famille mais aussi une histoire commerciale. Se mèle au fil des pages, l'histoire de Yann et de sa famille, ses relations avec son père, la tragique disparation d'un frère et ses propres relations avec son fils. C'est aussi un livre sur la mer et sur l'histoire de Cézembre, une île inconnue dont le terrain a été miné et interdit pendant des années. 

Un long roman qu'on se plait à dévorer. 

Critique rédigée par Mathilde Jarrossay

"Cézembre", Hélène Gestern, Editions Folio, 656 pages, 10,50€

Ils sont aussi en poche :

files (24).jpeg 9782290363034.jpeg    

 

 




auteur
Le webzine des plaisirs culturels.


Retour

Articles similaires

La « pochothèque » mensuelle de la rédaction #40
[Un, deux, trois… Lire !] Des albums jeunesse #15
La « pochothèque » mensuelle de la rédaction #39
[Gazette littéraire] Les pépites du trimestre #4
La « pochothèque » mensuelle de la rédaction #38
La « pochothèque » mensuelle de la rédaction #37
[Dans la bulle] Notre sélection de bandes dessinées #29
[Un, deux, trois… Lire !] Des albums jeunesse #14
Inscrivez-vous à notre newsletter :
Site réalisé par
Ciel Bleu Ciel