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La « pochothèque » mensuelle de la rédaction #39

1 mai 2025, par Untitled Magazine

La fin de mois est difficile et vous ne pouvez pas vous offrir les livres de la dernière rentrée littéraire ? Pas d’inquiétude, la rédaction d’Untitled Magazine a pensé à vous et vous a concocté une sélection de livres à petit prix mais de grande qualité ! 

Le Soldat désaccordé, Gilles Marchand

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Alors que la Première guerre mondiale a pris fin quelques années plus tôt, son souvenir est encore très vif dans la vie du narrateur : ancien combattant ayant perdu une main lors de la bataille de la Somme, il occupe ses journées à rechercher des soldats disparus, dont les familles ont perdu la trace après la guerre. Et ces quêtes prennent une autre dimension quand il part à la recherche d’Emile Joplain, jeune soldat-poète que sa mère n'a pas revu depuis son départ pour la guerre.

Cette enquête mène notre narrateur sur les champs de bataille d'une guerre de tranchées, ayant épuisé les hommes et traumatisé tout le monde. Il rencontre nombre de soldats ayant partagé un bout de chemin avec Joplain, se souvenant des mésaventures du jeune homme mais surtout de ce qui le maintenait en vie : son amour pour une jeune Alsacienne, Lucie, et sa certitude de la retrouver après la guerre.

Dans une période d'entre deux guerres de plus en plus menaçante, où la possibilité d'une nouvelle guerre semble grandir, ces recherches et les témoignages de ce que les soldats ont souhaité de toutes leurs forces être la “der des ders” font de ce roman un coup de poing, à la fois révoltant dans ce qu'il dit de la guerre et émouvant dans ce qu'il raconte d'une histoire d'amour empêchée. 

Critique rédigée par Mathilde Ciulla

"Le Soldat désaccordé", Gilles Marchand, Editions Livre de Poche, 224 pages, 7,90 €

Le café sans nom, Robert Seethaler

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1966, Vienne. Alors qu’il approche de la trentaine, Robert Simone décide de changer de vie. Jusqu’alors simple ouvrier au marché des Carmélites, dans un quartier populaire de Vienne, il désire concrétiser un vieux rêve : reprendre un café à l’abandon. Mais pas n’importe quel café : celui devant lequel il passe chaque jour.

Au fil des pages, l’écrivain nous transporte dans son quotidien aux côtés des habitués du café. Tous portent en eux les stigmates de l’Histoire : la guerre, le nazisme, les ruines mais aussi la mémoire de la grandeur impériale de l’ancienne capitale. Le café sans nom devient alors un havre de paix, ou l’espace d’un instant le poids des souvenirs s’estompe. A travers les figures attachantes du cafetier, de sa serveuse et de leurs fidèles clients, l’auteur livre un condensé d’humanité plein de douceur. Mais ces pages sont aussi une belle déclaration d’amour à Vienne, sa ville natale, que l’on sent vibrer sous chaque page. 

Une belle chronique sensible et poétique, où un modeste café devient le reflet d’un quartier viennois en pleine transition, pris entre la mémoire du passé et les promesses incertaines de la modernité !

Critique rédigée par Marie Heckenbenner

"Le café sans nom", Robert Seethaler, traduit par Elisabeth Landes, Editions Folio, 272 pages, 9 €

Les Ardents, Alice Winn

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Ellwood et Gaunt se rencontrent dans un prestigieux internat britannique The Preshute. En 1914 lorsque la guerre est déclarée, ils ont 18 ans et l'un après l'autre ils s'engagent dans l'armée, se retrouvant tous les deux sur le front d'abord en Belgique puis en France. Comment continuer à vivre cet amour au front ? Comment même réussir à s'avouer leurs sentiments en ces temps troubles ? 

Les Ardents est autant un roman d'amour qu'un récit de guerre. On suit les deux personnages principaux au front, l'autrice décrit leur vie dans les tranchées, les rencontres avec d'autres soldats, les attaques d'obus mais aussi les traversées du no man's land jusqu'aux lignes ennemis. Elle décrit sans détours la vie des hommes dans l'enfer de la guerre à travers les yeux d'Ellwood et de Gaunt. Ce roman c'est aussi celui d'une histoire d'amour interdite et comment les deux hommes vont s'affranchir des codes pour réussir à vivre comme ils peuvent leur histoire. 

C'est aussi une histoire d'amitié contrariée entre tous les jeunes hommes du pensionnat précipités les uns après les autres au front. On suit une génération sur les routes de la Première Guerre Mondiale, dans les tranchées, les camps de prisonniers mais aussi après, avec l'éternelle question de comment on peut se reconstruire près la guerre. Ainsi Les Ardents est une partie de l'Histoire à travers le prisme de deux jeunes hommes.

Critique rédigée par Mathilde Jarrossay

"Les Ardents", Alice Winn, traduit par Carine Chichereau, Editions Pocket, 576 pages, 9,90 €

L'inconnue du portrait, Camille de Peretti

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Pour son premier roman L’inconnue du portrait, Camille de Peretti puise son inspiration dans le destin énigmatique d’un chef-oeuvre de Gustav Klimt, peint à Vienne en 1910, puis mystérieusement volé avant de refaire surface, plus de vingt ans plus tard, dans le jardin d’un musée italien. Depuis des décennies, le voile n’a jamais été levé sur l’identité de la jeune femme représentée, ni sur les secrets que semble receler son regard figé sur la toile. 

Face à ce mystère, l’écrivaine décide d’en faire le point de départ d’un roman foisonnant, entre enquête intime et fresque historique. Des rues élégantes de la Vienne impériale au Texas des années 1980, en passant par le Manhattan de la Grande Dépression et l’Italie d’aujourd’hui, son récit nous emporte à travers les époques et les continents. Au fil des pages, elle reconstitue le destin de cette femme énigmatique et de ses descendants et tisse un roman foisonnant où s’entrelacent secrets de famille, passions contrariées et drames profonds.

Une fresque magistrale dans laquelle l’auteure mêle avec finesse fiction et réalité, livrant une interprétation romanesque du tableau de Klimt tout en sondant avec justesse les méandres de l’âme humaine.

Critique rédigée par Marie Heckenbenner

"L'inconnue du portrait", Camille de Peretti, Editions Livre de Poche, 384 pages, 9,20 €

 

Pour mourir, le monde, Yan Lespoux

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Fernando, Marie et Diogo sont les trois personnages principaux de ce long roman d'aventure qui prend place au XVIIème siècle. On suit les trois protagonistes sur les routes de la soie et des conquêtes portugaises et espagnoles des Indes au Brésil. Il y a Fernando, un soldat portugais qui après avoir essuyé la malchance en mer se retrouve propulsé dans les intrigues au coeur de Goa. Marie vit sur la côte landaise avec son oncle pilleur d'épave, elle se débat de l'emprise de cet homme et de sa morale. Puis Diogo jeune brésilien embarqué à bord d'un bateau après la prise de sa ville, Bahia. Avant de se retrouver projetés tous les trois sur la côté landaise, chacun vit son lot d'aventures et d'expériences, c'est cela que relate ce roman. 

Aventures en mer avec pirateries, tempêtes, palais indiens et cale de bateaux, ce sont les ingrédients de ce long roman. Avec les trois personnages et leurs histoires qui se succèdent, ce sont aussi les paysages et les vies qui nous inondent. On change de décor chaque fois pour découvrir une nouvelle partie de ce roman, une nouvelle aventure pour chacun d'eux. Ce qui les relie, mis à part la tempête finale, c'est le goût de liberté et l'envie de s'émanciper, chacun à sa façon va tenter de voir le monde. 

Ce roman, c'est une ôde aux aventuriers, à ceux qui ont soif de découvertes et qui ont participé à cartographier l'immensité du monde que l'on connait aujourd'hui. Yan Lespoux signe un grand roman d'aventures avec des personnages atypiques. 

Critique rédigée par Mathilde Jarrossay

"Pour mourir, le monde", Yan Lespoux, Editions J'ai Lu, 480 pages, 9,40 €

 

Panorama, Lilia Hassaine

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En 2049, dans une société ultra-surveillée où crimes et disparitions appartiennent au passé, Hélène, gardienne de protection, enquête sur la disparition mystérieuse des Royer-Dumas et de leur enfant. L’affaire vient révéler de vieux fantômes de la “Revenge Week”, un soulèvement survenu vingt ans plus tôt, et durant lequel les victimes décidèrent de faire justice eux-mêmes, déclenchant une ère de vengeance et de chaos. De cette révolution naîtra une nouvelle société, celle de la transparence citoyenne. Pour prévenir les violences domestiques, les murs de pierres se sont transformés en parois de verre, imposant à chacun une vie d’exposition permanente. 

Dans ce roman dystopique, Lilia Hassaine dresse le portrait glaçant d’une société où la transparence finit par étouffer les libertés individuelles. A travers cette enquête, elle observe avec une précision presque clinique ce monde aseptisé, où la sur-protection engendre clivage, déshumanisation et contrôle social. Avec subtilité, la romancière raconte la montée des populismes et la manière dont les citoyens, au nom de la sécurité, en viennent à sacrifier volontairement leur vie privée. Tout au long du roman, elle ne cesse d’interroger notre rapport à l’intimité où à l’ère des réseaux sociaux tout un chacun s’expose, confondant alors visibilité et vérité.

Un beau roman qui explore le cauchemar d’une transparence poussée à l'extrême, jusqu’à l’absurde.

Critique rédigée par Marie Heckenbenner

"Panorama", Lilia Hassaine, Editions Folio, 256 pages, 8,50 €




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