Après le succès de Papicha qui lui a valu le César du meilleur premier film en 2020, Mounia Meddour réenchante les salles de cinéma avec son nouveau film Houria. Une ode à la danse, à la reconstruction, aux femmes algériennes et un retour à Alger évident, avec pour héroïne Lyna Khoudri (Papicha, Nos Frangins, Novembre..).
Houria vit à Alger avec sa mère et entourée de ses amies. Le jour elle jongle entre son quotidien de danseuse et celui de femme de ménage. La nuit, elle participe à des paris clandestins. Un soir, alors qu’elle a gagné gros, elle est violemment agressée et se retrouve à l’hôpital. Ses rêves de carrière de ballerine s’envolent. Son corps est abîmé, elle est traumatisée et ne parle plus. Entourée d’une communauté de femmes toutes figées dans leurs traumatismes, la jeune ballerine va se reconstruire et va retrouver un sens à la vie en apprenant à danser autrement.
Continuer à explorer la jeunesse algérienne
Avec Houria, Mounia Meddour continue d’explorer la jeunesse algérienne à travers l’expression corporelle. Pour scénariser le film, la réalisatrice s’est inspirée de son histoire personnelle : suite à un accident, elle souffre d’une double fracture à la cheville et se retrouve à l’hôpital. C’est l’isolement, les longs mois de rééducation que Mounia Meddour a souhaité raconter. Un chemin de reconstruction pour ressortir encore plus forte d’une épreuve douloureuse.
En Algérie, danser pour les femmes est pratiqué en petit comité, en lieu privé. Encore aujourd’hui, leur corps est tabou et démontre une envie de s’exprimer. Il faut que les mentalités changent, mais ce changement est long, dans une société rythmée par le patriarcat. Un patriarcat annoncé dès le début du film en mettant en exergue l’univers de la danse (très féminin) et les combats de béliers (très masculin), une spécificité algérienne.
Crédit photo : Houria Ink Connection Highsea Production 2022
La réalisatrice filme aussi la naïveté d’une jeunesse désireuse de fuir son pays d’origine. Sonia interprétée par Amira Hilda Douaouda (Les Bienheureux et Papicha) est la meilleure amie d’Houria et veut quitter Alger pour rejoindre l’Espagne. Une volonté pour la jeune femme qui ne supporte plus sa vie actuelle et qui rêve d’une vie meilleure, plus belle et plus facile.
S’exprimer malgré la différence
Après sa violente agression, Houria devient muette. S’ensuit pour elle, une longue étape de rééducation avec des femmes également atteinte de mutisme, suite parfois à un choc psychologique. Pour ces dernières, la communication passe par le corps. Des corps abîmés, blessés qui vont apprendre à s’exprimer par la danse signée.
Crédit photo : Houria Ink Connection Highsea Production 2022
La danse classique demande à Houria une certaine rigueur et une précision millimétrée, après son accident la danse contemporaine va la libérer et va elle va vouloir créer une chorégraphie signée uniquement comprise pour et par ces femmes.
Pour mettre en lumière la danse des signes, Mounia Meddour a collaboré avec la chorégraphe Hajiba Fahmy et Antoinette Valette, interprète en langue des signes. Un travail main dans la main pour chorégraphier chaque danse. La danse finale est absolument incroyable, et pleine d’espoir pour Houria. Pour cette chorégraphie, des passages du scénario ont été traduits en langue des signes, puis Hajiba Fahmy à traduit les signes par des mouvements. Un travail rigoureux pour toute l’équipe mais aussi pour Lyna Khoudri qui à dû se préparer physiquement pour la danse classique et apprendre la langue des signes.
Crédit photo : Houria Ink Connection Highsea Production 2022
Mounia Meddour a commencé sa carrière dans le cinéma par le documentaire, il était alors indispensable pour elle de réaliser un film juste et précis. On le remarque d’ailleurs à la manière dont le film est filmé, elle se focalise sur des plans serrés pour mieux appréhender chacun des mouvements corporels.
Un long métrage vivant et lumineux pour laisser les femmes s'exprimer !
En salle depuis le 15 mars