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Rentrée littéraire : “Ce que je sais de toi” d’Eric Chacour

1 novembre 2023, par Laurence Lesager

Québécois né de parents égyptiens, Eric Chacour a passé sa vie entre la France et le Québec. “Ce que je sais de toi” est son premier roman qui s’est fait remarquer dans la sphère littéraire. Deuxième sélection du prix Renaudot et Fémina ainsi que lauréat du Prix Première Plume 2023 et des talents Cultura dans la catégorie romans, “Ce que je sais de toi” est un roman sensible doux-amer, entre le Caire et Montréal, qui immerge le lecteur dans les secrets d’une famille attachante mais divisée par les moeurs et une société en transformation.

Le Caire, années 80, Tarek, un jeune médecin prend sous son aile Ali, le fils d’une de ses patientes du dispensaire qui rêve de devenir médecin. Ali va le seconder dans ses tâches au quotidien, sans se douter, pour l’un comme pour l’autre, des conséquences funestes et destructrices que ce geste déclenchera.

Un destin presque tout tracé

Comme son père, Tarek a fait médecine et est devenu médecin. Il travaille dans un dispensaire et hérite également du prestigieux cabinet de son père. Son mariage semble heureux et prospère, mais la rencontre avec un être qui lui semble opposé va tout remettre en question. Cette personne n’est autre qu’Ali.

Tarek était loin de se douter que la promesse faite à la mère de ce jeune homme allait bouleverser sa vie et le mener à l’exil : “Tu la connaissais depuis plusieurs mois, mais c’était la première fois qu’elle s’adressait à toi avec une telle gravité. Sa détresse était sincère et la faveur qu’elle te demandait, bien peu de chose. Tu acceptas de laisser Ali te seconder dans tes permanences au Moqattam.”

A partir de cet instant, le lien entre Tarek et Ali se renforce. D’abord, un rapport de camaraderie, puis soudainement, sans crier gare, un rapport plus complexe, entre la confusion et l’amour, s’installe : “Tu approchais de chez Ali. Tu garas ta voiture devant sa maison, dans cet emplacement que l’obscurité t’aurait dissimulé si tu ne le connaissais pas. Comme il ne réagissait pas à l’arrêt du moteur, tu levas ta main droite du levier de vitesses qui avait cessé de trembler pour la poser sur son épaule. Ta bouche s’approchait de son oreille pour lui murmurer que vous étiez arrivés. Il se tourna ; ses yeux étaient grands ouverts. Tu ne reculas pas. Un souffle, d’abord. Puis une chaleur douce. Ses lèvres se posèrent sur les tiennes. A moins que ce ne soit l’inverse. Après tout, comment le saurais-je ?” Le déclin était inévitable.

Ce que je sais de toi

Quand les rumeurs qui circulent sur Tarek et Ali se confirment, c’est toute la clientèle de Tarek et sa famille qui lui tournent le dos. C’est quelque chose d’impardonnable. Et d’égoïste. A-t-il une seule fois pensé à sa femme Mira en faisant ça ? Le mal est fait et les tensions se font de plus en plus fortes. Bientôt, Tarek apprendra qu’Ali est mort, noyé dans le Nil, ne lui laissant d’autres choix que de fuir, loin, à des milliers de kilomètres. “Soudain, tu vis la dépouille de ton chat Tarbouche clouée sur un mur. Le sang dégoulinait le long de sa patte désarticulée. Il dessinait d’irrégulières lignes pourpres qui terminaient leur course dans les vomissures de la bête suppliciée (...). Il y avait cette inscription sur le mur : “il t’attend en enfer.””

Sa carrière brisée, la confiance de ses proches perdue et sa vie menacée, Tarek fait le choix de l’exil sans savoir que des années plus tard, une personne, à la fois proche et inconnue de lui, tentera de recoller les morceaux et d’aller à sa rencontre, de combler ces quinze ans d’absence.

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“Ce que je sais de toi”, Eric Chacour, éditions Philippe Rey, 304 pages, 22 euros.




auteur
Rédactrice chez Untitled depuis 2021, Laurence est libraire passionnée de littérature et de tout ce qui touche au monde de l'art et de la culture


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