Arthur Higelin, dit Arthur H, a sorti l’an passé son nouvel album intitulé « Soleil dedans ». Untitled Magazine l’a rencontré et a assisté à un de ses concerts donné début octobre, dans le cadre de sa tournée; au sein de la scène nationale de Châteauroux.
Né en 1966 à Paris, Arthur H a très vite tout d’un grand aventurier. Les Antilles, puis Boston aux Etats-Unis où ses parents l’envoient étudier la musique à l’université. De retour à Paris, il forme quelques groupes avec lesquels il expérimente ses premières compositions. Influencé par divers styles musicaux comme Thelonious Monk, Tom Waits, les Sex Pistols, mais aussi plus généralement le jazz, le blues ou le tango,et même l’électro. Arthur H crée petit à petit son petit univers musical et développe son talent pour l’écriture, que l’on retrouve dans ses textes; tout deux si singuliers. Dix sept albums et quinze ans plus tard, il nous offre un double CD, pour son nouvel album « Soleil dedans » Il est composé d’une version studio et d’une version live où il est accompagné sur scène de sa fille. Son talent n’est pas « tombé du ciel », (référence à l’un des plus grands titres de son père, Jacques Higelin, sorti en 1988). Et son live est là pour nous le faire très vite ressentir. Une première partie, orchestrée par Alejandra Ribera, donne très vite le tempo. Puis le voila sur scène. Plusieurs titres phares comme « La caissière du supermarché », « Oh là haut », où encore « De l'autre côté de la lune », nous transportent dès les premières minutes. A mi chemin entre concert intimiste, et live de grand festival. Pouvant parfois être comparé à Florent Marchet ou Julien Doré. Au fur et à mesure des chansons, une énergie ensorcèle la salle, nous aspirant dans l’univers de ce chanteur. Tout le monde terminera debout, enthousiaste et comblé. Dans cette même salle où son père avait fait se lever quelques années plus tôt, pour ses 60 ans, tout un public conquis. Nous avons voulu comprendre comment s’est construit cet album. A la fois très poétique et musicalement assez différent de ses anciens albums.
Untitled Magazine : « Soleil dedans » comment en êtes vous venu à choisir ce titre d’album ?
Arthur H : D’un point de vue poétique, c’est peut être pour refléter un « intérieur qui brille ». Qui n’a pas besoin forcément d’extérieur pour exister et justement briller.
Ce titre vous est donc très personnel ?
A.H : Oui effectivement, c’est aussi une manière de traverser les épreuves, pour durer, album après album. Et bien évidemment, de dépendre de soi. De son propre désir, de son propre sens de l’existence. Et non pas de la société et du monde extérieur. « Soleil dedans » est une image poétique avec plein de sens et de résonance à mes yeux.
Titre personnel mais album plus accessible et compréhensible pour le grand public ?
A.H : Je suis de plus en plus accessible (rires). Vous savez, quand on écrit des chansons, ce qui est bien c’est de toucher le coeur des gens. Tout simplement. Mon groupe et moi, on fait toujours des choses très barrés et poétiques, mais je veux que tout cela reste compréhensible par tous.
Vous avez enregistré votre album à Montréal, un choix pour l’inspiration ?
A.H : Effectivement, là bas on y trouve une culture très forte. J’y suis allé aussi pour l’énergie. J’aime Montréal, cette ville américaine. Plein d’espaces, de gens incroyables, de très bons musiciens. Il se dégage une réelle énergie créative de cette ville. L’album s’est alors goupillé en cinq jours.
Quelle valeur ajoutée apportent à votre album et à votre performance en live « les très bons musiciens » dont vous parlez ?
A.H : Sur scène ils se lâchent complètement. Les musiciens français sont aussi bons, mais ils sont peut être plus timides et ils doutent peut être plus. Eux sont directement à fond. Comparable à l’émulsion, à la folie, sans intellectualisme. Je me souviens d’un concert fait à Montréal avec eux, sans aucune répétition. C’était merveilleux.
Le clip de votre chanson « La caissière du super » nous a beaucoup intrigués. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ? (clip disponible ci dessous)
A.H : Cela vient en fait d’un ami, qui a travaillé aussi avec Philippe Katerine. C’est en effet l’idée de donner le pouvoir à une caissière. C’est elle qui devient le chef. Alors que normalement, c’est rarement elle qui dirige. Malheureusement c’est le prolétariat. Mais d’un coup c’est comme si elle vivait son moment de gloire. On a voulu le mettre en scène, symboliquement et poétiquement.
A ce propos, quel lien pouvez vous faire avec votre chanson «Une femme qui pleure »?
A.H : Le désir de vouloir exprimer une émotion probablement. Mais les chansons n’ont pas vraiment de réel. Et puis les bonnes chansons doivent rester mystérieuses. Parce qu’avec le temps elles dévoilent d’autres sens. Plus une chanson est forte, et plus il y a de sens qui émergent. J’ai l’impression parfois de commencer à la comprendre. Je ne peux en dire plus. Ce qui compte, c’est que le chanteur déclenche une émotion chez le spectateur, puis, l’imaginaire crée notre vie.
« La caissière du super »
https://www.youtube.com/watch?v=fMwSFOg7uRoArthur H sera en tournée dans toute la France jusqu’au printemps 2016. Avec notamment une date au Grand Rex à Paris le 4 novembre prochain. Nous le retrouvons également en librairie avec « Cauchemar merveilleux », publié chez Actes Sud. Plongée poétique, dans la cacophonie de notre monde. Il écrit là son premier recueil de textes libres.
« Merci à tous les êtres qui après m’avoir enduit de goudron parfumé ont déversé tonneaux de plumes d’or sur mon squelette de chair »
« L’enfance est un cauchemar merveilleux, qui émerge doucement des limbes, dans une grande vitesse mais au ralenti, l’illumination progressive de l’inconscience »
(Arthur H, In Le cauchemar merveilleux)